THE GREAT FLOOD
The great flood #01
Printer, branches, clay, aquarium, water, ink, paper
I created an interactive program in Pure Data to enable the printer to automatically produce the same mythology about the Flood in different languages randomly. This version of the mythology exists in material form for only three seconds, as it then dissipates underwater and loses the possibility of being read. It is an implementation that mimics the mechanism of the performative, namely the reiteration of discourse which, through repetition, brings about an artificial reality interpreted by humanity. It also alludes to the historical and scientific narration through which we have a vision of the world.
The great flood #02
ceramic, Ipad
This work was inspired by Plato's allegory of the cave. I created a ceramic cave and placed an iPad inside it, projecting an image of fire. Unlike Plato's fire, this fire cannot illuminate the cave, and there are no shadows through which one can distinguish two worlds. Therefore, the two worlds blend together. This piece was created during the lockdown, where everyone could only know the world through 2D images. With the digitization of the world, the boundary between the virtual and reality has become increasingly blurred. My work illustrates this modern metaphor of the cave.
The great flood #03
Painting, glass, sand, screens, sensors, sound
I created six portraits of extinct species based on images from Wikipedia and placed them in glass boxes, mimicking fossils in Museums. The Museum is a simulacrum of once-living beings; this installation does not aim to restore or repeat this kind of simulacrum, but to construct a simulacrum of the simulacrum. I question the evidence and the artificial narration that form the so-called true history. These creations of false 2D fossils represent the absolute death of death, meaning the death that is impossible to witness.
The three screens connected with sensors that detect the presence of the audience will display the years of each species' extinction. The numbers are synchronized with clock sounds recorded at my grandparents' house during the period after my grandfather's death, forming a symphony of time. This rush of disappearance evokes a deep anxiety related to the final judgment. When people are present, the extinction years appear, and when people leave, the extinction years disappear.
The great flood #04
photograph
An image of the Earth's simulation in NASA's Eyes software, taken by a camera facing the computer screen. Using a shutter speed of 30 seconds, the trace of the Earth's movement is evident and condensed. The South Pole was erased by NASA, so in this photo, the Earth's rotation has transformed the Antarctic region into a black hole. If technological progress signifies humanity's potential to understand the world, does this "invisible" area symbolize a sudden cessation, that is, the impossibility of knowledge?
The great flood #05
Photo, interactive program
The error in the 3D rendering and the failure of the photo stitching have generated three black holes on this image of the Earth. Defective beings are constantly created from this failing maternal body. I am trying to write an ontology of the erroneous. It is about existence that is ontologically flawed.
SOLO EXPOSITION, Avant moi, le déluge, at Zetoart gallery, Paris, 2022
Curators: Yingting BAI, Yiyao XU
Le Déluge est un mythe présent dans de nombreuses civilisations. Avant notre époque, les données rigoureusement objectives n’existaient pas, il n’y a que des mythes oraux, qui constituent les négatifs de la civilisation humaine, impossibles à vérifier. Le déluge représente un symbole de la mort absolue, et les preuves de son existence manquent, comme le trou dans le savoir.
Les fossiles exposés dans les musées peuvent-ils remplacer l'existence d'animaux disparus pour être connus par l'humanité? Dans la série “Le résidu des mythologies”(The Great Flood #01 et The Great Flood #03), Jiang Jier utilise un langage pictural abstrait pour diluer à nouveau ces existences mortes, rendant la vérité encore plus obscure. L'installation interactive capte également la présence du spectateur, les carillons de deuil s'approchent lorsque les capteurs sont activés, suscitent l’angoisse de l'artiste face à l'existence et à la destruction ; en absence du spectateur, l'année de la disparition de l'espèce et les carillons traumatisants s'estompent dans l’absolu.
Les branches ramassées dans la forêt deviennent la base d'un produit moderne — une imprimante, le lieu où les mythes du déluge préhistoriques sont imprimés au hasard dans des dizaines de langues différentes, et après quelques secondes de lisibilité, la langue se dissipe immédiatement dans la mare d'encre. Tout ce qui est inintelligible, est comme le visage flou et inaccessible d'un mythe, et les tentatives de comprendre et de définir les origines du monde et de l'homme sont vouées à la futilité.
Comme le souligne Beckett dans “Peintres de l’empêchement", l'objet du régime représentatif résiste toujours à la représentation, l’art ne fait qu'exprimer les conditions de cette dérobade. La série "trou" (The great flood #02, The great flood #04 et The great flood #05) ne cherche donc pas à représenter une réalité disparue, mais plutôt les défauts de la manière d'aborder le monde lui-même. La crise épidémique a conduit l'artiste à repenser le partage du sensible: le feu éteint sur l'écran de l'ipad constitue un espace partagé virtuel et la caverne non éclairée représente une réalité physique privée découpée du monde. Par rapport à l’allégorie de la caverne de Platon, le réel et l'irréel du monde sont entrelacés dans cette caverne, nous allons nous engager dans quel sens de la réalité?
Retranchée dans cette "caverne", Jiang Jier ne reproduit plus le simulacre, mais crée le simulacre du simulacre - elle utilise l'appareil photo pour faire une longue exposition au globe terrestre sur l'écran de l'ordinateur, et au-dessus de l’image du simulacre, le pôle Sud effacé, tourne comme un trou noir, produisant un secret inaccessible. Jouant sur l'ambiguïté, elle fait à nouveau une matrice qui s’auto-reproduit à partir de cette photo par le biais d'un programme interactif, l’erreur du rendu photoréaliste engendre de nouveau une infinité.
Les stands des musées, les machines de performativité, les autels, ces récits de pouvoir en haut dans ses oeuvres perdent la lisibilité, la frontière entre le virtuel et le réel n'est plus cohérente, la mort absolue des mortes se dresse au-dessus, impossible à témoigner, impossible à pleurer, impossible à tracer. Peindre, c’est pour peindre ce qui empêche de peindre; écrire, c’est pour montrer la défaillance de l’écriture.
Comme le dit Lacan, nous n'avons aucun moyen direct d'entrer dans le réel, à savoir le registre du trauma. À travers la fonction symbolique, on ne peut qu’arpenter le contours du réel. Le réel est comme un trou qui résiste à toute forme de raisonnement ou de logique. Il ne reste que le résidu de la symbolisation.
BAI Yingting
XU Yiyao