Jier JIANG


artist projects:

  1. EVENT HORIZON 
  2. THE GREAT FLOOD

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instagram @jier.jiang
jiangjier0506@gmail.com


©2024 Jier Jiang


Par la sculpture et l’installation, Jier Jiang explore la fracture entre vérité et réalité, deux concepts confondus, pourtant bien distincts. Pour l’artiste, la réalité n’est pas une évidence objective, mais se construit à travers des croyances partagées, y compris dans le discours scientifique. 

Dans Une minute avant le trou noir, Jier Jiang traduit cette réflexion en disposant au sol des stèles funéraires gravées des dates effacées du calendrier Grégorien (5-14 octobre 1582), symbolisant la spirale du système solaire et incarnant une temporalité absente. L’artiste soulève une tension entre histoire et astronomie, où les événements de ces jours disparus semblent dissous dans un vide temporel insaisissable. L"insaisissabilité" est au cœur de son travail, cristallisée dans le néologisme "corpo-réel", qui exprime l'idée que le réel ne peut être véritablement appréhendé qu'à travers une interaction physique entre le corps et la matière. Pour l’artiste, il s’agit donc de questionner les fondements de la connaissance “insaisissable” — de l’humanité, du langage et du soi. 

En capturant ce qui pourrait être vu comme "une part du réel", chaque œuvre de Jier Jiang détourne les postulats des théories scientifiques rejouées dans les musées d’histoire naturelle, poussant le spectateur à reconsidérer sa perception de la vérité et de l'authenticité. Des vitrines d’archivage aux images de la "mer lunaire" de la NASA, l’artiste met en scène une pseudo-vérité où rien n’est laissé au hasard. Cette confrontation est accentuée par la récurrence du mot “Trou” dans les titres, métaphore polysémique jouant du rapport signifiant-signifié. Cette dimension reflète l’influence de Barthes, Boltanski et Lacan, penseurs de la déconstruction du langage, de la mémoire collective et de l’inconscient, dont l’artiste s’est imprégnée depuis son arrivée en France à 23 ans. Pour “combler les trous”, l’artiste présente un Entretien infini dans une cave souterraine, où deux IA dialoguent sur la question : « Ce monde est-il réel ? ». Au mur, les mots « And when does it start and when does it end » se rejoignent sans commencement ni fin, soulignant un réel insaisissable, où seul l’artificiel semble incarner la vérité humaine.

Anne-Laure Peressin